Iorana ! 1 semaine sur l’île de Pâques

Après 5h de vol, me voilà donc sur l’île de Pâques (Rapa Nui) pour 8 jours. C’est pour moi un peu mes “vacances” de voyage car ça va me laisser le temps de me poser un peu. De plus, ce séjour marque à peu près le milieu de mon périple.

Située à environ de 3700 km à l’Ouest des côtes du Chili (pays auquel elle appartient) et 4000 km de Tahiti, cette île me fait rêver depuis un moment. Je ne saurais dire exactement pourquoi mais sûrement de part son isolement, son côté mystérieux et bien sûr ses statues géantes, les énigmatiques moaïs. Vue du ciel, elle dessine un triangle dont chaque angle accueille un volcan éteint : le Terevaka, au nord-est, est le point culminant (507m). Niveau taille, elle s’étend sur 24 km de long et 12 km de large seulement en ses points les plus extrêmes. A l’intérieur des terres, des étendues herbeuses et de sols cultivables alternent avec des champs de lave. La plus grande partie du littoral est bordée de hautes falaises façonnées par l’érosion marine. Anakena, sur la côte nord, est la seule grande plage de l’île. Depuis 1935, une grande partie du territoire ainsi que tous les sites archéologiques sont classés en parc national géré par la Conaf qui perçoit des droits d’entrée (élevés !).

J’ai pour habitude de faire un récit chronologique de mes aventures mais étant donné le temps passé ici, je vais cette fois regrouper par parties. Mais avant tout, voilà un petit lexique :

Ahu : Les ahus étaient les sépultures et les centres cérémoniels des villages. On pense qu’ils trouvent leur origine dans les autels présents en polynésie française.

Moaï : Image emblématique de l’île, les moaïs sont des sculptures massives de personnages représentant probablement les ancêtres du clan. Ces statues au visage impassible étaient dressées dos à l’océan Pacifique. Elles font entre 2 et 10 m de haut. Certains moaïs ont été entièrement restaurés, d’autres ont été remis sur pied mais sont érodés. Beaucoup sont renversés à terre.

Pukao : Selon les archéologues, les coiffes cylindriques rouges qui ornent la tête de certains moaïs représentent une coiffure masculine répandue dans les temps anciens à Rapa Nui.

Hanga Roa

Cette ville de moins de 7000 habitants est la seule de l’île. Je loge pour ma part en camping (où je loue tente, matelas et duvet) où je paie à peine plus de 10euros la nuit (un prix dérisoire vu le coût de la vie ici!). Il est un peu excentré (à 20min à pied du centre) mais situé juste en face de l’océan, ce qui lui donne un cadre idéal. L’aéroport est tout proche (j’aurais pu en venir à pieds !) mais rare sont les avions à passer ;). La ville en elle même n’a rien de fou et est principalement constituée de restaurants, magasins de souvenirs et logements pour touristes. Elle possède néanmoins deux jolis petits ports (Caleta Hanga Roa et Caleta Hanga Piko), et une belle église. Il y a également une petite plage aménagée (Playa Pea) mais bien balayée par les vagues du Pacifique. L’eau y est chaude (j’y suis rentrée facilement, c’est mon repère ;)) et pas mal de monde en profite pour se rafraîchir car quand le soleil tape, il fait très chaud ! C’est aussi un endroit où les tortues viennent régulièrement et j’aurais la chance d’en voir une un jour !

Pas loin du centre, se trouvent deux sites archéologiques :

  • Ahu Tahai, qui est un ensemble de trois ahus restaurés. Ahu Tahai désigne celui du milieu, sur lequel s’élève un imposant moaï solitaire, sans coiffe. Au nord, un moaï doté d’yeux et d’une coiffe trône sur l’Ahu Ko Te Riku. De l’autre côté, l’Ahu Vai Uri supporte cinq moaïs aux physionomies différents. Cet endroit est également un bon spot pour regarder le coucher du soleil !
  • Ahu Akapu, qui est un moaï solitaire mais magnifiquement impressionnant !

Circuit sud-ouest

De nombreuses agences proposent un circuit à la demi-journée pour cette partie mais étant donné que j’avais le temps et que surtout tout pouvait se faire à pied, c’est la solution que j’ai choisi. Je suis donc partie du camping, j’ai marché jusqu’à la grotte de Ana Kai Tangata (mais l’entrée y est interdite en raison des risques d’éboulement) puis j’ai suivi le chemin “Te Ara O Te Ao” qui monte jusqu’au volcan Rano Kau et au village cérémonial d’Orongo. Il suit à peu près la même route qui était utilisée 150ans plus tôt par les habitants pour aller à Orango et célébrer les rituels. Après un peu moins d’une heure de montée, j’arrive au bord du volcan -pratiquement recouvert de totora (une plante proche du roseau)- et je suis estomaquée par cette vue dingue. La route passant juste à côté, il y a quelques touristes mais je décide de longer le cratère vers l’est et là je suis seule au monde ! Puis je refais tout le tour du cratère pour aller côté ouest où se trouve Orongo. Ce lieu se trouve donc au bord du cratère d’un côte et d’un à-pic plongeant dans les eaux bleu cobalt de l’océan de l’autre ! Il surplombe en contrebas plusieurs petits motus (îlots). Orongo était le centre du culte de l’homme-oiseau, lié au dieu Makemake, représenté dans toute l’île au XVIIIe et XIXe siècles.

Un autre jour, c’est en vélo que je rejoint Ahu Vinapu, un site cérémoniel comportant deux grands ahus qui portaient des moaïs aujourd’hui renversés et brisés.

Circuit nord-est

En partant de la ville, la route longe le littoral vers l’Est puis traverse vers la côté Nord. Le premier site (où je vais en vélo) rencontré est Ahu Vaihu, comportant un ahu avec des moaïs et leur pukao renversés. Pour aller plus loin, j’opterai pour un tour en mini-bus à la journée. Le premier arrêt a lieu à Ahu Akahanga, un site avec des moaïs renversés.

Le deuxième est au majestueux site (restauré entre 1992 et 1995) de Ahu Tongariki et ses 15 magnifiques moaïs au bord de l’eau (plus grand ahu jamais construit). C’est un site également très connu pour observer le levé du soleil et j’y reviens donc un jour à l’aube pour admirer les belles couleurs (malgré les nuages).

Juste à côté se trouve Rano Raraku, la carrière où les moaïs étaient travaillés. C’est assez impressionnant de se balader au milieu de ces dizaines de géants abandonnés ici et là à tous les stades de fabrication. Dans le cratère, il y a un petit lac et une vingtaine de moaïs debout.

Puis on termine en beauté à la belle plage d’Anakena qui forme en arrière plan parfait pour l’Ahu Nau Nau, qui comporte 7 moaïs dont certains coiffés d’un pukao. Sur une hauteur au sud de la plage, l’Ahu Ature Huki possède un seul moaï, redressé par un explorateur norvégien et une douzaine de Pascuans en 1956.

Circuit Nord

Au Nord de l’Ahu Tahai, la route est en grande partie inaccessible aux véhicules motorisés. Ca tombe bien, c’est à l’occasion d’une journée ou je loue un super VTT que je visite tous les sites.

  • Ana Kakenga est une grotte d’une cinquantaine de mètres, ouverte sur l’océan. Mais pour y rentrer il faut un peu se contorsionner. Et honnêtement, si je n’avais pas vu des gens y aller devant moi, je n’aurais jamais osé rentrer dans ce “trou”. Mais une fois dedans, il est possible de tenir debout et d’admirer les 2 “fenêtres” sur l’océan !
  • Ana Te Pora est une autre grotte de lave un peu plus loin.
  • Ahu Tepeu est un grand ahu portant plusieurs moaïs renversés. Autour se trouve le site d’un ancien village.
  • Ana Te Pahu est une ancienne habitation troglodytique entourée d’un jardin sauvage. Il s’agit d’un tunnel de lave formé par la solidification en surface d’une coulée de magma restée fluide à l’intérieur.
  • Ahu Akivi a été réhabilité en 1960 et arbore 7 moaïs. Il a la particularité d’avoir été érigé à l’intérieur des terres et ses moaïs sont tournés vers la mer. Le lieu a une signification astronomique : lors des équinoxes, les 7 statues regardent directement le soleil couchant.
  • Puna Pau est la carrière de roche volcanique qui était utilisée pour la fabrication des pukaos, ces coiffes cylindriques rouges placées sur la tête de nombreux moaïs. Une soixantaine d’entre elles ont été transportées vers différents sites de l’île mais il en reste environ 25 ici et dans les alentours.

Maunga Terevaka

Cette montagne dénudée de 507 mètres de haut est le point culminant de l’île. Une fois n’est pas coutume, je n’y vais pas) pieds mais … en cheval 🙂 ! Et à l’issue d’une belle balade d’une grosse heure, nous arrivons tout en haut où la vue est époustouflante car on peut voir l’île et l’océan sur 360 degrés ! Bon par contre je crois que le cheval, ce n’est pas vraiment mon truc…ça fait trop mal aux fesses 😉 !

Kari Kari

Dans la ville, il y a plusieurs troupes qui effectuent des spectacles de chants et danses traditionnelles. J’ai choisi d’aller voir “Kari Kari” car c’est la plus réputée et je n’ai pas été déçue ! Les danseurs et danseuses sont impressionnants, les costumes sont magnifiques et l’ambiance est au rendez-vous 🙂 !

Tapani

Du 2 au 17 Février se déroule sur l’île le grand festival annuel nommé “Tapani”. C’est un énorme événement ici (mes dates n’avaient pas été choisies au hasard !) et tous les jours ont lieu des animations et des compétitons. Le but réel est de cultiver et promouvoir la culture traditionnelle Rapa Nui afin que celle-ci ne se perde pas.

Pour résumer, 2 équipes (formées de plusieurs dizaines de personnes) s’affrontent pendant 2 semaines sur des épreuves bien différentes : sportives, artistiques, agricoles… Chaque équipe a une reine et un roi qui les représentent (qui sont jeunes, beaux et talentueux bien sûr) et le roi et la reine de l’équipe gagnante deviennent le roi et la reine de l’île pour l’année à venir.

Le festival ayant commencé le vendredi, j’ai pu y passer 4 soirées (en grande partie avec des filles chiliennes/argentines que j’avais rencontré lors de mon excursion à la journée) et voir des activités pendant la journée.

  • Le vendredi soir, c’était la soirée d’ouverture avec l’arrivée sur scène des 2 équipes, les discours (des officiels, de la précédente reine et des candidats et candidates au “trône”). Le tout étant terminé en musique et en danse par un spectacle du même style que j’avais vu à “Kari Kari”.
  • Le samedi en journée avait lieu la compétition de triathlon. Au menu : ramer sur une sorte d’embarcation faite avec du totora, courir en portant 2 régimes de bananes puis pour finir, retour sur l’embarcation mais cette fois-ci allongé dessus et en pagayant avec les mains. Le tout en costume traditionnel bien sûr, c’est à dire…en string ! Et le samedi soir, c’était “peinture corporelle” (enfants) puis concerts.
  • Pour le dimanche, l’après-midi avait lieu des concours artistiques (sculpture, peinture) ainsi qu’un concours de lançers pour les plus jeunes (je n’ai pas bien compris ce qu’ils lançaient, c’était une plante qui volait plutôt bien !). Et le soir c’était l’événement et il y avait énormément de monde. En effet, la soirée commençait par le “Kai Kai” des candidats où ils devaient faire une figure à partir d’un fil puis répéter une sorte de poème. Mais le clou de la soirée arrivait après : le ballet de chacune des équipes. Des musiciens, des danseurs (minimum 60 par équipe), des costumes magnifiques et une ambiance du tonnerre ! Je vous mets quelques photos (que j’ai récupéré sur le facebook officiel) pour mieux se rendre compte de la beauté du show ! Et comme à chaque fois, la musique était très entrainante, sur fond de yukulélé. Et le tout est noté par des juges.
  • Le lundi, pour ma dernière journée sur l’île, celle-ci commençait par la compétition agricole où des personnes venaient exposer leur plus gros plan de patate douce/régime de banane/pastèque. Le tout était pesé et les gagnants désignés (avec un podium et une médaille, comme pour les compétitions sportives !). L’après-midi, c’était concours de bodyboard pour les plus jeunes (mais toujours sur le totora, pas sur une planche !) et là l’ambiance était plutôt sympa. En effet, le but pour chacun était que la vague le porte jusqu’au rivage. Et à chaque fois que l’un d’eux s’en approchait, la foule criait, applaudissait ! Si le jeune homme touchait le bord alors c’était la folie ! Mais parfois il sortait de la vague juste quelques mètres avant et là c’était assez cruel car il fallait tout recommencer ! La compétition hommes après était moins sympa car eux devaient “faire la tortue” : se laisser porter par les vagues juste avec leurs corps. Mais du coup ils étaient au loin et n’arrivaient pas jusqu’au rivage donc on ne voyait pas grand choses (les juges étaient dans l’eau eux). Et pour mon dernier soir, j’ai pu assister à un concert de l’école de musique, à un concours de chant traditionnel (le “Ute”) puis à la “battle” de chansons entre les deux couples de roi/reine (oui je vous ai dis, ils savent tout faire !).

Pour résumer, aller sur l’île de Pâques est inoubliable mais y être pendant Tapani c’est vraiment exceptionnel ! Le dernier soir, j’ai fait la connaissance d’un vieux chilien qui vit maintenant en Autriche mais qui est venu exprès le temps de la fête car une des reines candidates était sa nièce. Et il venait donc concourir pour elle dans l’épreuve de sculpture ! Pour ma part, je vais continuer à suivre les épreuves même après avoir quittée l’île car il en reste plein : ballet enfants (j’ai pu pas hasard assister à des répétitions et c’était assez impressionnant), tango, chant, aviron, natation, courses de chevaux, accordéon, gastronomie, confection de colliers/couronnes… et tant d’autres aussi originales les unes que les autres ! Pour vous faire une idée, je vous mets ici le trailer officiel.

Bonus

Le mystère reste entier : comment ces moaïs qui pèsent plusieurs tonnes ont-ils pu être déplacés à travers l’île ? Le musée explique les différentes théories !

4 réflexions au sujet de « Iorana ! 1 semaine sur l’île de Pâques »

  1. Autre monde tellement mystérieux. …..et émouvant. … vidéos superbes….. on participe ! Tu as l’air en grande forme.
    Gros bisous…..

  2. j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.

  3. c’est bien ce que je pensais …cette ile est très spirituelle….plein de choses à connaitre sur la construction mes moias….et ce n’est pas pour rien que tu avais envie d’aller là bas….tu es ma fille et tu commences
    le “chemin”avant moi ! génial …

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