Entre sel et Sucre !

Après une courte nuit due à mon tour astronomique de la veille, le mini-bus vient me chercher à 7h15 pour un trip de 3j en Bolivie qui se terminera à Uyuni. N’ayant pas le courage de faire le tour de la jungle des agences à San pedro (le salar ne se visite que par une agence), j’avais réservé avec celle qui m’avait était recommandée par des amis et par les forums : Estrella del Sur. Mais ça commence mal : la douane du Chili (qui est en fait à San Pedro) est fermée et n’ouvrira qu’à … 11h ! Donc après plus de 3h à attendre, nous prenons enfin la route de la frontière. Pour y accéder, nous devons reprendre la route en montée que nous avions pris avec Jérôme l’avant-veille et qui monte jusqu’à 4800m. Mais surprise car vers la fin de la montée, nous sommes au milieu de la neige et le paysage a bien changé ! Puis nous arrivons à la frontière qui est constitué d’une petite baraque perdue au milieu de nulle part et d’une nuée de 4*4 qui attendent les touristes. Car une fois descendus du mini bus, nous montons dans un de ces 4*4 de 6 personnes et c’est dedans que se feront les 3j de voyage. Après avoir chargé les sacs sur le toit, me voilà partie avec comme chauffeur Nils et comme compagnons de route 1 chilien, 2 chiliennes et 2 brésiliennes.

Le premier arrêt se fait peu après à la Laguna Blanca et est suivi d’un arrêt à la Laguna Verde dont la couleur verte de l’eau provient d’une forte concentration de cuivre dans ses sédiments. Le soleil brille mais le vent est glacial (on est à plus de 4000 mètres) et on est donc bien contents de pouvoir parfois vite rentrer dans la voiture ! Et 30min plus tard nous voilà au milieu du désert de Dali. Les paysages se succèdent et sont tous aussi beaux et apaisants (malgré le grand nombre de 4*4). On arrive ensuite aux termes juste à côté de la Laguna Chalviri et malgré le froid extérieur, j’enfile mon maillot pour profiter un peu de l’eau à 40° ! Il est alors déjà 15h et on enchaîne par le repas de midi préparé par les chauffeurs dans le bâtiment à côté.

On reprend la route pour arriver vers les geysers “sol de la manana” dont les vapeurs nous apportent un peu de chaleur ! Arrive ensuite ce qui est pour moi le clou de la journée : la Laguna Colorada. D’une couleur rose due une algue, d’une superficie d’environ 70km2 et d’une profondeur moyenne de 35cm, on peut y admirer des milliers de flamands roses (3 des 6 espèces existantes). Quelle vision magique ! Il est ensuite 18h et nous arrivons à notre dortoir proche de la lagune qui est en fait juste un bâtiment posé au milieu de nulle part. Ce soir, on dort à 4300m d’altitude. Et la nuit fut meilleure que prévue, je n’ai pas eu si froid mais j’étais quand même bien emmitouflée !

Départ vers 7h30 le lendemain et premier arrêt à l’Arbol de Piedra dans le désert de Siloli. Sa forme est due à l’érosion éolienne et de nombreux autres rochers l’entourent.

On enchaîne avec une série de lagunes : Honda, Chiarcota, Hedionda et Canapa au bord de laquelle nous pique-niquons.

On passe ensuite à un mirador du volcan Ollague (qui se situe sur la frontière avec le Chili) puis dans la “Vallee de las Rocas” et ses gros rochers.

Nous arrivons après dans le village (quasi fantôme) de Julaca ou se trouve une station de train abandonnée. Mais aussi un vendeur de bière locale (au cactus, à la coca, au quinoa…) et c’est donc là que nous faisons une petite pause.

En fin de journée, nous rejoignons notre hôtel pour la nuit : un hôtel de sel près de Colcha K. Mais la soirée sera courte car demain, nous devons être prêts à partir à 4h30 ! On nous avait prévenu dès la réservation que le salar était inondé et qu’il était donc impossible de le traverser mais qu’on pourrait quand même en avoir un aperçu en faisant le tour et en y pénétrant sur quelques kilomètres. Mais ça, c’était sans compter sur nos 3 supers chauffeurs ! Ils nous avaient dit que les groupes de la veille n’avaient pas pu le traverser mais qu’on irait quand même voir au petit matin si pour eux c’était possible. Et je dois dire que lorsque j’ai vu la quantité d’eau présente à l’entrée (environ 40cm) , je pensais qu’ils allaient faire demi-tour. Mais non, c’est parti, on traverse. Je dois avouer que j’avais un peu peur quand même car on avait l’impression d’être dans un bateau. Mais j’avais une totale confiance en Nils ! Vers 6h, le soleil commence à pointer le bout de son nez et l’eau est moins profonde. Les 3 chauffeurs s’arrêtent alors et nous autorisent à descendre. La veille, ils nous avaient bien précisé de prendre nos tongues et voilà donc pourquoi ! Il est difficile pour moi de retranscrire la douleur que j’ai eu à mettre mes pieds dans cette eau glacée 🙂 mais bon le spectacle du soleil se levant sur le salar était plus fort que tout !

Il est temps ensuite de continuer la route (qui se fait donc très doucement) et d’essayer de réchauffer nos pieds ! Le prochain arrêt se fera sur une sorte de tas de sel, sur lequel Nils nous prépare le petit déjeuner. L’eau s’est un peu réchauffée, c’est moins douloureux pour nos pieds. Et nous sommes vraiment seuls au monde (je crois qu’aucune autre agence n’a traversé le salar ce jour là) !

On continue ensuite et le paysage est vraiment somptueux. L’eau provoque de magnifiques reflets et on ne distingue plus le sol du ciel ! Après un peu de route, nous faisons un long arrêt à un endroit où l’eau est moins profonde (et dorénavant beaucoup plus chaude). L’occasion de faire pas mal de photos. Nous nous essayons aux fameuses photos en perspectives mais les gens qui les prennent ne sont pas très doués malheureusement (et si je les prends moi, je ne suis pas dessus !). Et après cette parenthèse magique, il est temps de nous diriger vers l’entrée. Mais à l’allure où nous roulons, cela prendra plusieurs heures. Lorsque nous y arrivons, nous découvrons un flot de 4*4 tous réunis au même endroit. Là où se trouve un ensemble de drapeaux mais aussi le monument du Dakar qui symbolise le passage dans ce salar de cette célèbre course.

Il est ensuite temps de sortir de ce beau salar, le plus vaste du monde avec une superficie de près de 11 000 km2 ! C’est la disparition du lac préhistorique Tauca, 14 000ans auparavant qui a donné naissance à cette croûte de sel. Selon une estimation, ce salar recèle 5,5 millions de tonnes de lithium exploitables sur les 11 millions que compte la planète. Le sel est exploité mais la production annuelle d’environ 25000 tonnes ne risque pas d’épuiser les 64 milliards de tonnes estimées du gisement.

Vers 16h, nous voilà à Uyuni pour le repas du midi. Puis le dernier arrêt a lieu au cimetière de train avant que la majeur partie du groupe ne reprenne le chemin inverse direction San Pedro et que pour ma part, je rejoingne mon auberge dans le centre d’Uyuni.

Je n’y resterai que la soirée car on ne peut pas dire que cette ville est bien accueillante. Le lendemain, je prends un bus à 9h pour Potosi. Et j’ai de la chance car la veille la ville était bloquée par des manifestants. Cela arrive régulièrement en Bolivie et les routes sont tout simplement fermées avec impossibilité de sortir de la ville. Mais aujourd’hui, ça passe même si sur le bord de la route nous voyons nombre de policiers et de manifestants. Potosi se situe à environ 200 km mais nous mettrons 4h à y arriver car c’est de la (jolie) route de montagne. Mais à 4 euros le billet de bus, je ne me plains pas. La Bolivie est en effet un pays extrêmement bon marché par rapport à l’argentine où le Chili.

Vers 13h, me voilà donc à Potosi, la ville de plus de 100000 habitants la plus haute du monde (4070m). Je profite de l’après-midi pour me promener dans le centre : plaza central, obélisque, cathédrale, marché central, place San Bernardo… Puis j’assiste à une visite guidée à la Casa de la Moneda, le plus grand bâtiment colonial construit par les espagnols. Étant donné la proximité de la mine d’argent, ils y ont construit une usine où l’on travaillait l’argent pour frapper les pièces de monnaies de l’empire espagnol mais aussi pour le territoire qui comprend actuellement le Chili, l’Argentine, la Bolivie, l’Uruguay et le Pérou ainsi que pour la Chine.

Depuis la ville, la vue est belle sur le “Cerro Rico”, une montagne de minerai d’argent (mais aussi de zinc, de plomb et d’étain car de nos jours il n’y a plus beaucoup d’argent) qui domine du haut de ses 4824 m.

Potosi fut en effet fondée en 1545 pour exploiter la mine proche et aujourd’hui les mines sont toujours exploitées artisanalement par les habitants, dans des conditions de sécurité assez limites pour les mineurs. Le jour d’après, je participe d’ailleurs à un tour permettant d’entrer dans les mines et de se rendre compte de la réalité du travail des mineurs. Certains touristes se refusent à faire ce tour en pensant que c’est du voyeurisme. Mais pour moi au contraire, sachant que les visites sont organisées par des agences en partenariat avec des coopératives de mineurs et chaque agence rétrocède à la coopérative une part du prix payé par les touristes. De plus, après s’être équipés en conséquence, le premier arrêt a lieu au “marché des mineurs”, un endroit où l’on peut acheter des produits à donner aux mineurs que nous croiserons. Entre les feuilles de coca, la dynamite et la boisson, je choisis cette dernière. Rien n’est obligatoire et je suis bizarrement la seule de mon groupe de 4 à prendre quelque chose. Puis après une montée en mini-bus, nous entrons dans une mine. La marche est compliquée : il y a beaucoup d’eau, il faut souvent se baisser et en raison de l’activité tellurique, la température augmente peu à peu. Nous ne croisons pas de mineurs au début mais arrivons à “El tio”(le diable), une sorte de statue à laquelle les mineurs font des offrandes pour leur porter chance et éviter les accidents. De plus, après cette période de carnaval, celui-ci était assez coloré ! Plus tard, nous croisons des mineurs poussant un chariot rempli. Ils dégoulinent de chaleur et je suis alors bien contente de pouvoir leur offrir une bouteille de soda qu’ils tombent en moins de 2. Nous marchons dans cette mine quasi 1h30 et je dois avouer que c’est quand même assez particulier et que je ne suis pas mécontente d’en sortir. C’est tout de même assez flippant de savoir que 15 000 mineurs travaillent encore de nos jours dans des conditions pareilles…

Puis me voilà de retour dans le centre et je me rends au terminal pour prendre le bus pour Sucre, une ville bien différente à environ 150 km (et 2800m d’altitude). Mais vu que c’est encore de la route de montagne, nous mettrons un peu plus de 3h. M’y voilà donc en fin d’après-midi et une fois dans ma sympathique auberge, je débute ce qui sera une de mes activités principales de mes 3jours ici : du repos ! Car oui depuis l’île de Pâques, mon rythme est assez effréné et j’ai donc besoin de me poser un peu. Sucre est une ville de plus de 300 000 habitants mais les principales attractions touristiques sont regroupées dans le centre. C’est la capitale constitutionnelle de la Bolivie et elle abrite la Cour suprême. Elle attire les touristes grâce notamment à ces nombreux édifices blancs datant des XVIIIe et XIXe siècle (et c’est aussi la capitale du chocolat en Bolivie et ça moi ça m’attire :-)). C’est également ici qu’à été signée la déclaration d’indépendance de la Bolivie en 1825 et tout cela est bien relaté dans la “Casa de la Liberdad”. Je profite donc de mon temps ici pour me balader sur la place centrale et admirer les beaux bâtiments et églises. Ici parfois pour visiter, il faut frapper à une porte puis quelqu’un nous ouvre et nous fait une visite guidée personnelle pour une somme comprise entre 2 et 4 euros. C’est notamment le cas à la Cathédrale (dont le musée venait de rouvrir depuis 3 semaines), à l’église de la Merced (où l’on peut monter sur le toit) et au couvent Santa Teresa.

Un autre jour, une petite marche en montée me mènera jusqu’au quartier de la Recoleta où la vue sur la ville est plutôt sympathique.

Sucre possède sa propre “Tour Eiffel” dans le parc Simon Bolivar mais rien de comparable à la nôtre ! Je tombe aussi sur l’inauguration d’un hôpital. Apparemment le président était là et il y avait des policiers de partout.

Mais le bâtiment qui m’aura le plus marqué est le couvent San Felipe de Neri qui date du XVIIe siècle. D’une blancheur éclatante avec ses majestueuses arches, j’ai passé pas mal de temps à simplement l’admirer. Et là encore on peut monter sur le toit d’où la vue sur la ville est magnifique.

Et pour ma dernière après-midi, je vais me balader au cimetière. Ce n’est pas la première fois que j’en visite un à l’étranger mais je crois que celui-là est pour moi le plus marquant. En effet, il n’y a pas que des caveaux familiaux mais sur des centaines de mètres il y a des murs avec des petites “cases” pour chaque défunt. A chaque fois bien entretenues, pleins de fleurs ou de jouets lorsque ce sont des enfants… une visite assez émouvante.

Et en ce 27 Février au soir, il est temps pour moi de prendre mon bus de nuit pour La Paz, dernière étape car c’est de là que part mon vol retour pour la France le jeudi 8 Mars.