Sur les hauteurs de La Paz

J’ai passé 5 jours pleins dans la ville de La Paz. Elle ne m’attirait pas vraiment au début : beaucoup de monde, beaucoup de bruit (dont un concert incessant de klaxons), des rues saturées de mini-bus et une pollution importante. Mais j’ai finalement apprécié ces quelques jours malgré la météo pas top (il a plu tous les jours). Je ne vais pas faire un récit chronologique mais raconter tout ce que j’ai pu y faire.

La ville de La Paz

La Paz est la capitale administrative du pays, Sucre étant la capitale constitutionnelle et Santa Cruz la ville la plus peuplée du pays. Ma visite de cette ville perchée à plus de 3600m d’altitude a commencé par un “walking tour” (une visite guidée) à peine 2h après mon arrivée. Celui-ci commence à côté de la prison de San Pedro, une prison qui a la particularité d’être un peu gérée comme une ville (en autonomie et avec relativement peu de gardes) et dans laquelle est produite de la cocaïne (!!!). Parfois il est même possible de faire des “visites guidées” mais celles-ci ne sont pas réglementées et dangereuses ! On fait ensuite un tour des marchés, très nombreux à la Paz et ce sont bien sûr toujours les femmes en habits traditionnels (les “cholitas”) qui gèrent les stands. Ici, pas de super marchés, même les frigos sont posés sur le trottoir et chaque rue regroupe le même type de magasin (la rue des téléphones, la rue des ampoules etc…). Il y a même ce que l’on appelle le “marché aux sorcières” ou l’on trouve toutes sortes de “potions magiques” ainsi que des fétus de lamas séchés. Ceux-ci servent en effet d’offrandes pour la “Pachamama”, la terre nourricière dont il est beaucoup question par ici. Et pour éviter le mauvais sort, tous les boliviens font toutes sortes d’offrandes car ils sont en effet très superstitieux. On arrive ensuite à la place et l’église San Francisco où ça grouille de monde ! Et la visite se termine à la Plaza Murillo où se trouve la cathédrale et le palais présidentiel. Un autre jour, j’aurais également l’occasion d’aller à l’instructif musée de la Coca et au musée des instruments de musique.

Mais ce qui rend cette ville unique (et classée dans le liste des sept nouvelles villes-merveilles) c’est son positionnement car elle se trouve sur un canyon crée par le fleuve Choqueyapu. Il est situé dans une dépression en forme de bol entourée par les hautes montagnes de l’Altiplano. Surplombant la ville se trouve l’Illimani qui culmine à plus de 6000m et peut être vu de la ville par beau temps. Et pour mieux se rendre compte de cette structure unique, le mieux est d’emprunter une des 5 lignes de téléphériques qui permettent aux habitants de se déplacer (car du coup ça grimpe pas mal !). La première ligne a été inaugurée en Mai 2014 et 6 sont en constructions et seront inaugurés cette année ou en 2019. Le tout est financé par le gouvernement et le coût du trajet est de moins de 50 centimes. Mais c’est assez impressionnant de voir ces cabines toutes neuves surplomber la ville. Je me rends également au mirador “Kili Kili” depuis lequel la vue à 360° est assez dingue !

J’irai également visiter le cimetière dans le cadre d’une visite guidée de la ville un peu “décalée”. Celui-ci rassemble à celui de Sucre : des tombes superposées les unes sur les autres avec pour chacune un petit mausolée. Le guide nous explique que cela a été fait pour gagner de la place et que chaque famille doit payer une cotisation annuelle, sous peine de voir la tombe extraite. Ici, les boliviens voient la mort comme une continuation de la vie et vont donc régulièrement au cimetière visiter les leur, sans que cela soit triste pour autant. L’apogée ayant bien sur lieu lors de la fête des morts où dans la croyance, ceux-ci rendent visite aux vivants.

El Alto et Le Cholita Wrestling

Toujours dans le cadre de cette visite guidée décalée, nous prenons le téléphérique rouge jusqu’à El Alto. Anciennement banlieue de la ville de La Paz, c’est depuis 1985 une ville à part entière et la 3ème la plus peuplée du pays ! Elle occupe les hauts plateaux surplombant la capitale et abrite les familles les plus pauvres. Mais c’est ici que se trouve l’un des plus grands marchés du monde ! Nous nous promenons un peu dans ces dédales et c’est assez impressionnant, un vrai labyrinthe avec des gens vendant tout et n’importe quoi. La visite continue par une rue où se trouvent des chamans, qui prédisent l’avenir (ou conjurent le mauvais sort) dans des feuilles de coca. Bien que n’y croyant pas trop, je tente l’expérience simplement pour voir comment cela se passe à l’intérieur de ces petites pièces !

La journée se termine par un “spectacle” typique de la ville : le “Cholita Wrestling”. Kesako ? Des combats de catch (simulés) entre boliviennes en tenue traditionnelle. Pour moi qui petite regardait les “superstars du catch” c’est exactement ça : des retournements de situation, des arbitres qui s’en mêlent… C’est marrant et il y a dans la salle plus de touristes que de locaux mais j’avoue me demander comment ils ont pu avoir l’idée de mettre ça en place ! Car une fois sortis de la salle, le décalage est immense avec ces femmes assises par terre et entourées de gros tas de fruits et légumes qu’elles essaient de vendre…

La “route de la mort”

L’activité qu’on pouvait faire à La Paz et dont je connaissais l’existence avant même mon départ avait un nom assez parlant : la “death road”. Le concept : une descente en VTT de 4300m d’altitude à 1200m le long de la “Yungas Road”, une route d’un peu plus de 50 km et connue pour sa dangerosité. En effet en 1995 elle fut nommée comme la route la plus dangereuse du monde car 200 à 300 voyageurs s’y tuaient chaque année. Mais ça c’était en voiture et surtout c’était avant qu’un nouveau tracé soit construit. L’ancien tracé peut toujours être emprunté mais il l’est surtout maintenant par toutes les compagnies de vélo qui proposent cette activité (et le nombre d’accidents est bien moins élevé qu’en voiture). La route étant en mauvais état et constituée principalement de cailloux, j’avais pour ma part choisi la compagnie qui proposait les meilleurs vélos et de ce côté là, je n’ai pas été déçue ! Après plus d’une heure de route depuis la Paz, nous voilà donc au début de la descente (16 km de bitume pour commencer) . Mais avant tout, le guide nous fait passer une petite bouteille d’alcool (à plus de 90°…) afin d’en faire offrande à la Pachamama. Nous devions donc chacun en verser un peu par terre en lui demandant de nous protéger, puis un peu sur le vélo puis en boire une goutte… enfin seulement tremper les lèvres, c’était assez ! Puis nous voilà partis au milieu de la neige ! La neige se transforme vite en pluie et la route est trempée. Nous sommes bien équipés (veste imperméable et sur pantalon) mais ça ne nous empêche pas d’être frigorifiés aux premiers arrêts car le pantalon ne suffit pas et nous sommes trempés ! Puis après ces 16 premiers km, petite pause boisson chaude qui fait du bien !

On remonte ensuite dans le bus pour une partie montante puis on arrive au début de la “vraie” death road et étant donné que l’altitude diminue, la chaleur augmente et ça fait du bien ! Pour la suite, ce n’est pour moi que du bonheur car j’adore le VTT de descente. Et les vélos sont tellement top qu’on se sent vraiment en sécurité. Surtout que quand on roule, on regarde le chemin donc on ne se rend pas compte du ravin. Bon, pour ne pas changer, je crève au bout de quelques km mais les guides me changent ça en moins de 2 ! A peu près toutes les 10-15min, il y a des pauses pour attendre tous le groupe ainsi que le bus qui nous suit. Nous sommes 11 (et que des anglophones pour une fois, ça fait du bien) mais franchement tout le monde se débrouille bien (sauf une) et je dois quand même m’employer pour rester la fille la plus rapide 😉 ! Nous faisons également pas mal de pauses photos dans ce cadre magnifique. Et plus on descend, plus il fait chaud et plus nous enlevons des épaisseurs ! Vers 15h, c’est la fin et nous arrivons à un “restaurant” dans la “jungle”. Et il y a même une piscine dont nous profitons avec bonheur car il fait très chaud. C’est assez bizarre car le matin, je m’imaginais très mal me baigner où que ce soit ! Puis repas et vers 17h, nous repartons pour la Paz. Il n’y a qu’une centaine de km mais il nous faudra 3h étant donné la route. Vers 20h,je suis de retour à l’auberge, tellement ravie de cette magnifique journée !

Le “spiderman”

Lors de ma visite guidée du 1er jour, alors que nous étions sur la place principale, le guide nous demanda de nous retourner et de regarder un des immeubles tout proche. Et là, nous avions observé quelqu’un en descendre face vers le sol. C’était assez impressionnant et je me disais alors que je ne ferai jamais ça. Mais finalement au cours des jours suivants, j’ai commencé à penser que c’était une activité assez folle et assez rare et qu’il ne fallait donc pas que je passe à côté. C’est comme ça qu’un après-midi, je me retrouve à monter au 17e étage de cet immeuble où se trouve “Urban Rush”. Je tombe bien car il n’y a personne et on s’occupe tout de suite de moi. Je commence par choisir mon costume : J’avoue avoir hésité entre celui la licorne et la tortue Ninja mais je ne pouvais pas passer à côté du classique “Spiderman”. Ensuite, on m’équipe puis on m’explique tout le process sur le mur d’entraînement.

Un des instructeurs m’invite après à l’observer descendre. Et c’est à ce moment là que je doute un peu car nous sommes quand même à 50m au dessus du vide et c’est assez impressionnant. Vient alors mon tour : ils m’attachent puis me demandent de monter sur le rebord. Je souffle un bon coup puis je me penche vers l’avant pour atteindre les 90° et je m’accroupis sur le mur. Le concept est de descendre en effectuant des petits sauts en lâchant puis rattrapant la corde. Puis lorsqu’il reste une quinzaine de mètres, je lâche tout et c’est l’heure de la chute libre ! Un des instructeurs me récupère en bas et je pousse un ouf de soulagement ! Mais j’avais pris la formule 2 sauts donc je remets ça, avec moins de stress ce coup-ci et des plus grands sauts. Et au final je sors ravie de cette expérience inédite !

Chacaltaya et la vallée de la Lune

Un tour à la journée m’a permis d’aller visiter 2 endroits remarquables et pas trop loin du centre :

* Le Cerro Chacaltaya : à peine une trentaine de kilomètres au nord de la ville se trouve le Chacaltaya, une montagne qui culmine à 5400m. Il y a 10ans, il y avait une mini station de ski (avec une seule remontée) mais celle-ci a fermée. La route pour y arriver est très sinueuse et honnêtement, j’ai plus eu peur ce jour là que sur la route de la mort ! Par beau temps, il est possible de voir en chemin le “Huayna Potosi” (6088m) mais nous n’en verrons que la base. Nous pouvons aussi voir le lac Titicaca ! Et après plus d’une heure de mini-bus, celui-ci nous pose au milieu de la neige, à 5300m. Un dernier effort à pied nous permet alors de monter au sommet à 5400m, mon altitude record ! Et même si cela prend moins de 30min, c’est assez épuisant car l’oxygène se fait rare en altitude et c’est aussi assez glissant. Je suis donc assez contente d’atteindre le sommet mais la visibilité n’est malheureusement pas terrible aujourd’hui… Puis descente et on remonte dans le mini-bus qui retourne dans le centre et nous mène à la suite.

* La vallée de la Lune : à un peu plus d’une dizaine de km au sud de la ville se trouve l’une de ses curiosité, la “valle de la luna”. C’est une région due à l’érosion de la partie supérieure d’une montagne. Le sol, composé d’argile, est de nature fragile, et au cours des siècles, les éléments ont sculpté une œuvre d’art, semblable à un désert de stalagmites.. Le parcours balisé dure à peu près 40min et c’est vrai qu’on se croirait un peu sur la Lune !

Puis le 8 Mars au matin, il est temps pour moi de me rendre à l’aéroport de rentrer en France ! Mon premier vol est un La Paz-Lima et permettra de survoler le lac Titicaca. Le second sera un La Paz-Madrid de nuit avant de finir par un dernier Madrid- Lyon ! Back home !

Une réflexion au sujet de « Sur les hauteurs de La Paz »

  1. Sans doute un très beau voyage avec moments innoubliables …Mais je suis très heureuse de te savoir de retour !

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