Ubuntu

Ceux qui commencent à me connaître l’ont surement remarqué : j’aime fuir l’hiver et son froid glacial pour me retrouver d’un claquement de doigts dans les mois chauds et ensoleillés de l’été oublié. Et par chance, ce changement rapide de saison est aujourd’hui possible grâce à ces petites bêtes à ailes métalliques que je m’empresse de chevaucher ces derniers mois de janvier !
Après l’Océanie en 2017, puis l’Amérique du Sud l’an dernier, me voici sur la pointe la plus au Sud du troisième continent de cet hémisphère : l’Afrique du Sud ! Cette année, je ne pars “que” trois semaines, mais cela devrait être amplement suffisant pour prendre mon bain de soleil et des belles images et expériences.
Au programme, visite des deux plus grandes villes du pays, Johannesburg et Cape Town, virée sur la route des vins et jardins qui longe le sud ouest du pays, pour finir par un bon road trip / safari dans les réserves animalières de l’est sud-africain. Sans oublier un passage par le méconnu pays du Swaziland.


Jour 1 : Johannesburg et son musée de l’Apartheid
Nous avons opté pour un vol de nuit depuis Paris. Et après 10h de vol, nous voici de retour en été à quelques kilomètres de Johannesburg (ou Jo’burg comme ils disent ici), de bon matin, déjà prêts à découvrir ce nouveau pays. Même si certains pensent que je suis déjà allée “de partout”, ce n’est que mon deuxième passage sur le continent africain, après mon aventure avec Fanny au Kenya. 
Les nombreux guides et blogs que j’ai parcourus avant le voyage me conseillaient grandement de réaliser les petits trajets en taxi. Et nouvelle génération oblige, nous passerons par les plateformes désormais bien connues de tous (Uber, Txfy). Le tout pour bien moins cher, plus pratique et plus sécurisé que le mélange double trains + bus reliant l’aéroport au centre ville. 
Pour cette première ville, nous avons loué un Airbnb cosy situé dans le quartier réhabilité de “Maboneng Precinct”, qui a la particularité d’être “sécurisé” : nous croisons à chaque coin de rue un vigile avec matraque et menottes à la ceinture, surveillant chaque fait et geste des passants. Oui car Johannesburg est bien connue pour ses grandes inégalités sociales et l’insécurité qui peut y régner. Mais ce qui est conseillé, c’est d’aller de quartier en quartier par voiture ou taxi, et une fois dans le quartier désiré, nous pouvons nous déplacer sans trop de souci, en évitant le côté M’as-tu vu évidemment.
Les backpacks déposés à l’appartement, nous marchons un peu dans le quartier. Ce dimanche, c’est vie locale, marchés de babioles dans les rues et stands de nourriture un peu partout. Nous en profitons pour grignoter rapidement puis nous partons visiter le premier musée du voyage, le plus connu du pays, celui de l’Apartheid.

Retraçant l’histoire très récente de cette incroyable ségrégation, le musée mêle images, extraits audio, vidéo et longs textes nous faisant froid dans le dos. De l’esclavage aux partis fascistes des années 50, jusqu’à la libération bien menée par l’icône nationale désormais très célèbre Nelson Mandela en 1991 (il sera plus tard élu président en 1994). Dès son entrée le musée est marquant car lors de l’achat du billet, on se voit attribuer une catégorie “blanc” ou “non-blanc” et cela détermine l’entrée que l’on utilisera !


Une fois le musée terminé, nous revenons dans nos contrées pour nous balader sereinement dans ce quartier fort animé le dimanche après-midi. Les terrasses sont combles, les bières coulent à flot, et nous ne sommes pourtant que dimanche 17h. Mais ici, et il faut le savoir, le dimanche tout ferme à 19h. Et quand on dit tout, c’est bars et restaurants compris. Nous avons failli nous faire avoir lorsqu’après un apéro rafraichissant sur une terrasse dansante nous avons souhaité nous asseoir à la table d’un restaurant argentin vers 19h30, et qu’il a fallu négocier que nous commanderions très rapidement pour pouvoir être servis, sinon c’était diète dès le premier soir! 


Jour 2 : Soweto et la maison de Mandela
Le lendemain, nous tentons une Airbnb Experience : nouveauté sur le site de partage d’appartement, vous pouvez désormais réserver des sorties et tours touristiques. Ce que je réserve pour découvrir le très connu ghetto d’Orlando, renommé Soweto (SOuth WEst TOwnships) depuis 1963. Lors de l’Apartheid, c’est ici que le blanc fasciste de l’époque décida de faire bouger tous les non-blancs de Jo’burg dès 1904, parce qu’il trouvait que trop d’immigrés étaient venus s’installer dans la région lors de la conquête de l’or. Un peu fou mais pourtant vrai. C’est également dans ce Bronx de Jo’burg que Nelson Mandela, alors à la tête de l’ANC, posa ses valises et que la révolte des non-blancs naquit dans les années 50.
L’expérience est proposée par la très dynamique Zigi, la trentaine révolue, native du ghetto. Nous partagerons notre tour avec des américains et un hollandais. Soweto est rempli d’histoire, dont la plus poignante sera le massacre du 16 juin 1976. Une date que l’on retrouve un peu partout dans ce quartier, dans les musées, sur les monuments ou même tagguée sur les murs. Alors que les non-blancs protestent contre l’imposition de l’Afrikaans (langue dérivée du hollandais des colons) comme langue officielle des cours d’école, la police fit feu contre la foule, tuant des manifestants dont de nombreux enfants, et parmi eux le jeune Hector Pieterson dont la photo (mort et porté par un plus grand, avec sa soeur Antoinette criant sa douleur à côté) illégalement diffusée montrera au monde entier ce qu’il se passe en Afrique du Sud.
Dans ce tour, nous ferons donc un musée retraçant ce fameux 16 juin, pourquoi on en est arrivé à cela et toutes les conséquences de ce massacre. A noter que Antoinette effectue encore des visites guidées du musée portant le nom de son frère !

Nous effectuons ensuite un tour dans le quartier pour y voir qu’il est heureusement devenu plus touristique que dangereux, et apercevoir au loin des deux tours symboliques (anciennes cheminées de centrale thermique). Puis nous voilà sur Vilakazi Street qui a la particularité de rassembler les résidences de 2 prix Nobels : Desmond Tutu (1984) et Nelson Mandela. Ce dernier vécu ici de 1946 à 1961, avant son arrestation en 1962, puis y revient une dizaine de jours à sa sa libération en 1990. On termine la journée par une dégustation de la bière locale chez le brasseur nommé tout simplement “Soweto” et faisons un rapide un tour du quartier dans un mini bus local. Notre guide en profitera pour nous parler du concept “Ubuntu” qui tient une place importante dans sa vie de tous les jours : issu de langue bantoues du sud de l’Afrique, cela désigne une notion proche des concepts d’humanité et de fraternité. Ce terme a notamment été employé par Mandela et Tutu pour dépeindre un idéal de société, opposé à la ségrégation pendant l’Apartheid puis pour promouvoir la réconciliation nationale. Selon Tutu “Quelqu’un d’ubuntu est ouvert et disponible pour les autres” car il a conscience “d’appartenir à quelque chose de plus grand”.


Demain, nous repartons à l’aéroport pour prendre un vol intérieur jusque Cape Town !

PS : Merci à mon co-auteur qui a rédigé cet article en grande partie !